Les marchés ont faiblement évolué depuis notre précédent Éditaux.
La liquidité excédentaire compresse toujours la volatilité, et à part une petite déception sur les résultats trimestriels des banques et une respiration sur les small caps, le marché s’est très bien tenu.
Zone euro : soutien monétaire réduit de moitié mais conditions toujours accomodantes
La BCE a précisé au cours de sa réunion du 26 octobre les modalités de la prolongation du programme de rachat massif de titres obligataires.
Le soutien monétaire sera divisé par deux à partir de janvier 2018 (30 milliards d’euros de rachat par mois contre 60 actuellement), mais surtout, il pourra être retouché à tout moment en cas de besoin.
La réduction du volume étant bien anticipée par le marché, les investisseurs se sont concentrés sur les points positifs : le ton accommodant, le réinvestissement des titres arrivés à échéance (ce qui ajoute 10 milliards d’euros à l’enveloppe) et la poursuite de la politique de refinancements à 3 mois sans limite de montant au moins jusqu’à fin 2019.
L’annonce n’a donc causé aucune tension sur les marchés et a même été l’occasion d’un soulagement.
Au final, le plan « whatever it takes » (tout ce qu’il faudra) pour sauver la zone euro de Mario Draghi est en passe d’être réussi, il ne lui reste plus qu’à remballer progressivement l’arsenal exceptionnel !
Le contexte économique favorable entraîne-t-il trop de complaisance ?
La volonté d’indépendance catalane puis la mise sous contrôle par l’État espagnol ont temporairement fait chuter les bourses espagnoles et brièvement mis la signature espagnole sous tension avant que l’appétit pour le rendement reprenne le dessus. Le risque d’une scission de la zone euro, pourtant source de toutes les inquiétudes ces dernières années, est désormais totalement négligé par les investisseurs.
Pour 2017, la BCE anticipe une croissance de 2,2% : la plus forte progression depuis près de 10 ans. L’année 2018 devrait s’inscrire dans le même mouvement.
Certains que les taux courts resteront bas, les investisseurs affirment leur préférence pour les actifs risqués, faute de mieux mais aussi parce que, pour l’instant, rien ne semble capable de ternir les perspectives économiques.
Nous dirions bien que les investisseurs ignorent les mauvaises nouvelles, mais il faut vraiment les chercher loin !
La confiance est au plus haut dans l’économie, les perspectives économiques s’améliorent, le chômage baisse (même en France, où le nombre de défaillances d’entreprises est au plus bas depuis 10 ans selon la dernière étude Antarès).
Pour la trésorerie d’entreprise ou d’association, il faut évidemment ne pas être trop complaisant, conserver une gestion des risques rigoureuse malgré les rendements bas et privilégier les solutions de placement souples afin de faire face à un éventuel rebond surprise de l’inflation, seul événement capable de tendre les taux d’intérêt.
L’enjeu de l’inflation
Les swaps d’inflation à 5 ans dans 5 ans, une mesure des anticipations de hausse de prix à moyen terme, sont remontés à 1,68%, un plus haut depuis mars.
Si l’inflation venait à tutoyer les 2%, en conjonction avec une croissance mondiale élevée et un rebond du prix des matières première, l’Allemagne hausserait certainement le ton vis-à-vis de la BCE et la contraindrait à cesser plus rapidement son soutien.
Cela pourrait être le prétexte qu’attendent les marchés pour une correction et un regain de volatilité.
Aux États-Unis : Yellen, Powell, même histoire ?
Après un suspense digne d’un reality show, Donald Trump a finalement nommé Jerome Powell pour succéder à Janet Yellen à la tête de la Réserve Fédérale à partir de février 2018.
Républicain modéré, nommé au collège des gouverneurs en 2011 par L’ex-président Obama mais proche des positions présidentielles actuelles, il devrait consolider la politique monétaire de Yellen en assurant une hausse modérée et prudente des taux directeurs.
Dès la confirmation de sa nomination, les investisseurs se sont portés sur les obligations longues, créant ainsi un fort aplatissement de la courbe des taux américain. L’obligation à 10 ans (2,33%) ne rémunère plus que 70 bp de plus que celle à 2 ans (1,65%), le plus faible écart depuis 2007.
L’aplatissement de la courbe des taux s’observe en général en fin de période de croissance, phénomène aujourd’hui paradoxal puisque l’économie américaine surprend par sa vigueur.
En rythme annuel, la croissance du PIB américain s’est élevée à 3% au troisième trimestre, avec une inflation faible (1,6%).
Dans ce contexte, comment placer sa trésorerie ?
Nous anticipons toujours une stabilité des taux longs d’ici la fin de l’année.
Qui se souvient encore de la menace Nord-Coréenne, qui causait tant de tensions le mois dernier ? Ces événements ne sont pour le marché que des prétextes pour faire osciller les taux au sein d’un tunnel 0,6%-1% sur l’OAT 10 ans dont, selon nous, nous ne sortirons pas d’ici la fin de l’année. Seul des changements majeurs sur l’inflation permettraient de faire sortir les taux de ce tunnel.
Le contexte actuel permet de mettre en place des financements longs à bon coût. Les conditions se tendront un jour, soit par la hausse du taux de référence soit (probablement en premier) par la marge de crédit demandée par le prêteur.
Côté placement, les comptes à terme entreprise déblocables à 32 ou 91 jours nous semblent toujours la meilleure opportunité. Ils permettent de profiter à des taux positifs tout en gardant la possibilité de sortir pour replacer à meilleur compte en cas de remontée rapide des taux.
Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici