Comme chaque mois, nous vous proposons notre vision des dernières tendances des taux d’intérêt à court et long terme dans la zone euro.
On a connu par le passé des étés mouvementés sur les marchés, mais 2017 n’en fera visiblement pas partie !
Taux courts : toujours rien à signaler
Principalement dirigés par les taux de la BCE, les taux monétaires n’ont pas de raison d’évoluer et restent sur leurs niveaux de début d’année :
Les taux monétaires (août 2017)
- Eonia : -0,35%
- Euribor 3 mois : -0,33%
- Euribor 6 mois : -0,27%
Livret A : statu quo malgré une formule de taux plus favorable
Le mois dernier, nous évoquions la difficulté qu’auraient les banques à rémunérer le Livret A au taux de 1%, le taux obtenu en utilisant la formule officielle censée éviter tout arbitraire dans la détermination du taux.
Si nous avions correctement estimé le résultat de la formule et anticipé la réticence des banques, nous avions sous-estimé la force de conviction du gouverneur de la Banque de France, qui a plaidé au nom du secteur bancaire pour un statu quo à 0,75%.
Bercy a suivi sa recommandations : tant pis pour les épargnants, tant mieux pour les banques, la Caisse des Dépôts et le financement des HLM, le Livret A restera à 0,75% !
Les taux longs en dents de scie
Le TEC10, représentatif des emprunts de l’État français à 10 ans, oscille depuis le début d’année entre 0,65% et 0,90% si l’on exclut la brève incursion au-dessus de 1% lors de l’entre-deux tours présidentiel.
La légère détente actuelle ne nous semble pas marquer le début d’une nouvelle tendance baissière.
Elle est principalement causée par un « flight to quality » lié aux tensions politiques entre la Corée du Nord et les États-Unis, ainsi qu’une nécessaire respiration du marché actions après un remarquable début d’année.
L’été est-il trop tranquille ?
Tranquille, il l’est certainement. Trop tranquille ? Non, nous ne voyons pas cette période comme « le calme avant la tempête ». Nous anticipons toujours une stabilité des taux courts et longs jusqu’à la fin de l’année.
La rhétorique de Mario Draghi, signalant que « lorsque la reprise économique se renforce, une politique monétaire inchangée devient de plus en plus accommodante », nous conforte dans l’idée que les réunions BCE du quatrième trimestre confirmeront une réduction du programme de rachat d’obligations. Le volume de ce programme (actuellement 60 Md€/mois) pourrait commencer à décroître en janvier 2018.
Cependant, ce probable début de normalisation n’est pas, selon nous, de nature à faire flamber les taux.
La BCE ne peut réduire trop drastiquement son soutien : l’inflation reste toujours faible, et l’Euro raffermi pénalise les exportateurs européens et jouant le rôle d’un durcissement monétaire. En outre, le marché sera loin d’être surpris par cette décision tant elle a été discutée et attendue depuis des mois.
En attendant, le moindre accroc sur la croissance ou l’inflation empêcherait les taux longs de se tendre durablement.
On le voit d’ailleurs aux États-Unis : la Réserve Fédérale américaine a relevé son taux directeur quatre fois en 18 mois pour le passer de 0% à la fourchette 1-1,25%. Le marché anticipe aujourd’hui trois ou quatre hausses de taux supplémentaires dans un contexte de plein emploi (le taux de chômage est à 4,5%, son plus bas historique) et de croissance proche de 2%. À la fin de ce cycle, le taux des Fed Funds arriverait autour de 2%.
Malgré tous ces facteurs positifs, le taux 10 ans US n’est qu’à 2,19% : un écart de 1% avec les Fed Funds actuels.
De la même manière que le bois mouillé doit sécher avant de pouvoir flamber, nous estimons que les taux longs en zone Euro ne pourront réellement remonter qu’après une normalisation complète de la politique monétaire : réduction du programme de rachat d’actifs dans un premier temps, mais surtout le retour du taux refi (actuellement à 0%) en territoire positif.
Dans ce contexte, comment placer sa trésorerie ?
Les OPCVM monétaires ne sont à utiliser qu’en cas d’impossibilité de laisser des liquidités sur un compte bancaire. Ils ne constituent pas une solution de placement efficace car leur rendement est négatif.
Il nous semble trop tôt pour investir sur les OPCVM obligataires. Même si nous excluons une forte remontée des taux longs et de l’inflation qui sont les principaux facteurs de risque de cette classe d’actifs, le rendement des obligations en portefeuille compense à peine les frais de gestion des fonds. L’écart entre les taux courts et longs n’est pas suffisant pour réaliser des stratégies de portage efficaces, hormis sur les obligations high yield non adaptées à une trésorerie d’entreprise.
Les dépôts à terme nous semblent encore et toujours le placement de trésorerie le mieux adapté à l’environnement actuel.
Pour des maturités de moins d’un an, les dépôts sont gagnants grâce à leur taux supérieur au taux monétaire.
Au-delà d’un an, visez les dépôts à taux progressifs : leur progressivité accompagnera les futures hausses de taux, tout en permettant une sortie à 32 jours s’ils devenaient non compétitifs.
Mêlant rendement et souplesse, les dépôts à terme nous semblent ainsi le meilleur placement de trésorerie d’entreprise pour cette rentrée 2017.
Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici