Dans cet article, nous allons présenter le fonctionnement de l’un des principaux produits structurés sur actions : l’Autocall.
Il existe de très nombreuses variantes de ce produit structuré, mais toutes présentent des principes communs que nous allons détailler ici.
Autocall : définition
Autocall est l’abréviation de « automatically callable », c’est à dire « automatiquement remboursable par l’émetteur ».
Un produit autocall est un produit donc structuré qui se rembourse automatiquement par anticipation lorsque certaines conditions de marché sont remplies.
Le remboursement anticipé est la marque de fabrique des « Autocall ». La durée du placement est inconnue au moment de l’investissement : on ne connaît que sa durée maximale.
Un Autocall rémunère l’investisseur sous forme de coupons, souvent plus élevés que ceux offerts par le marché obligataire pour une maturité comparable.
Les Autocalls sont donc un moyen d’obtenir des rendements potentiellement supérieurs en échange d’une incertitude sur la date de remboursement.
4 paramètres-clé pour définir un Autocall
Détaillons maintenant le fonctionnement des Autocalls au travers de leurs 4 caractéristiques principales :
- 1. Le strike
- 2. Les coupons
- 3. La maturité
- 4. La garantie de capital
1. Le strike : défini une fois pour toutes au démarrage du produit
Le strike est le cours d’origine de l’indice de référence.
En Europe, l’indice de référence le plus utilisé est l’Eurostoxx 50, qui représente les 50 plus fortes capitalisations de la zone Euro, mais les Autocalls peuvent aussi être indexés sur des actions individuelles, des indices de matières premières ou toute autre classe d’actifs.
Au moment du démarrage du produit, on constate le strike : c’est la valeur précise de l’indice de référence à ce jour. Cette valeur est extrêmement importante car elle servira de repère tout au long de la vie du produit.
2. Les coupons : élevés mais parfois dépendants du marché
Un produit structuré Autocall verse des coupons périodiques, en général trimestriels ou annuels. Ces coupons sont généralement fixes et plus élevés que ceux offerts par les obligations.
Dans certains cas, les coupons sont soumis à une condition sur le niveau de l’indice par rapport au strike. On parle alors de « barrière coupon ».
Une barrière de coupon à -40% signifie ainsi que si l’indice de référence est en baisse de plus de 40% par rapport au strike à une date de paiement de coupon, alors le coupon de cette échéance n’est pas payé.
Les coupons non payés peuvent être définitivement perdus, ou bien mis en mémoire et ajoutés au prochain coupon si l’indice reprend de la vigueur et repasse au-dessus de la barrière.
S’ils sont mis en mémoire, on parle alors d’ « Autocall Phoenix », car les coupons renaissent de leurs cendres tel un phénix !
Bien entendu, risque et rendement vont de pair : plus les coupons sont sécurisés, moins leur taux sera élevé.
Lire aussi
Produits structurés – Partie 2 – Les structurés indexés sur les taux
Produits structurés – Partie 4 – Nos conseils pour bien investir sur un produit structuré
3. L’échéance des Autocalls : par nature aléatoire
L’échéance maximale est en général longue (5 à 10 ans). Mais comme nous l’avons vu plus tôt, le produit peut être remboursé par anticipation.
Cas de remboursement par anticipation
Si, à l’une des dates de constatation prédéterminées, l’indice de référence est supérieur au strike, alors le produit est automatiquement remboursé au pair (100% du nominal).
Cas de remboursement à l’échéance
Si l’indice de référence n’a jamais été supérieur au strike aux dates de constatation, le produit est remboursé au terme de son échéance contractuelle.
4. Le capital : garanti, parfois sous conditions
Certains produits prévoient une garantie totale du capital : dans ce cas, le capital est toujours remboursé au pair, que l’on soit dans un cas de remboursement anticipé ou de remboursement au terme.
Dans d’autres cas, la garantie du capital est conditionnelle. Une nouvelle variable intervient alors : la « barrière put », ou « barrière de protection du capital ».
Cette barrière détermine quelle baisse le produit peut tolérer avant de transmettre les pertes de l’indice à l’investisseur. Supposons par exemple une barrière de protection du capital à -40%.
Deux cas de figure se présentent alors :
Cas favorable : Hausse, stabilité ou baisse modérée de l’indice
Si la performance de l’indice boursier par rapport au strike est meilleure que -40%, l’Autocall est remboursé au pair. La baisse de l’indice n’aura pas eu d’influence sur le cours de remboursement.
Cas défavorable : forte baisse de l’indice
Si la performance de l’indice boursier par rapport au strike est moins bonne que -40% (une baisse de 45% par exemple), l’Autocall est remboursé à un prix amputé de la perte réalisée par l’indice. Si l’indice a perdu 45% de sa valeur, l’investisseur ne recevra que 55% de son investissement initial.
Avec une protection partielle, le capital n’est garanti qu’en cas de hausse, stabilité ou baisse modérée des marchés. Une forte baisse de marchés fait subir à l’investisseur une perte équivalente à celle qu’il aurait obtenue sur l’indice de référence.
Avant d’investir, il convient d’estimer à quel niveau absolu se situe la barrière put et d’estimer la probabilité d’un tel scénario de marché.
Ici encore risque et rendement vont de pair : une garantie de capital entraînera des coupons plus faibles, tandis qu’un risque sur le capital permettra d’obtenir des coupons plus élevés.
En conclusion : pour qui sont faits les structurés actions Autocall ?
Les structurés actions de format « Autocall » peuvent délivrer des rendements élevés dans un scénario de marché plat ou légèrement baissier. À ce titre, ils peuvent intéresser les fondations, assureurs, et autres investisseurs capables d’immobiliser du capital sur le long terme. Ils sont en revanche mal adaptés à une trésorerie d’entreprise, car leur date de remboursement est incertaine.
Même s’il a des coupons fixes, un produit structuré actions de type Autocall expose l’investisseur au marché actions. Il doit plutôt être vu comme une alternative à un placement en actions que comme un placement obligataire.
L’investisseur doit être conscient des facteurs de risque avant d’investir. La rémunération potentiellement intéressante est obtenue en échange :
- d’une incertitude sur la date de remboursement
- d’une éventuelle concession sur la protection du capital (dans le cas d’une barrière de protection)
- d’une éventuelle incertitude sur le paiement des coupons (dans le cas de coupons assortis d’une barrière)
Enfin, comme pour les produits structurés indexés sur les taux, l’investisseur doit accepter un risque de contrepartie sur l’émetteur du produit : le produit est techniquement une créance sur l’émetteur.
Lire aussi
Produits structurés – Partie 2 – Les structurés indexés sur les taux
Produits structurés – Partie 4 – Nos conseils pour bien investir sur un produit structuré
Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici