1. Investissez dans ce que vous comprenez et posez les calculs.
Essayez toujours de savoir ce qui se cache derrière les appellations marketing des placements que l’on vous vend. Est-ce une assurance-vie ? Un PEA ? Un livret ? Les noms des produits ne sont pas toujours explicites ni leur contenu. Par exemple, savez-vous dans quoi votre assurance-vie est investie ? Sur quel fonds € et quelles unités de compte ? Est-ce qu’il s’agit d’une gestion libre ou pilotée ?
Avant de signer l’ouverture d’un produit, prenez toujours le temps de voir ce qu’il y a à l’intérieur. Et attardez vous sur les frais et les conditions. Prenez donc votre temps pour réfléchir à tête reposée, prenez la documentation et étudiez là tranquillement chez vous.
Conseil de Nicolas : ne signez jamais directement devant votre « conseiller » en banque même s’il se montre pressant, il faut d’abord s’informer objectivement et comparer.
Et posez les calculs ! N’investissez pas sans avoir calculé le rendement brut et le rendement net de votre investissement. N’oubliez pas de compter les frais, charges et impôts. Quand on place ou investit, c’est essentiel de savoir ce que l’on va réellement gagner, c’est la base. Vous trouverez ici le simulateur de rendement pour vous aider. Pour l’immobilier locatif, nous vous invitons à calculer à l’aide de cet exemple.
2. Ne perdez pas de vue les motivations de vos conseillers.
Au risque d’être dur, mais juste, votre « conseiller » de banque est avant tout un vendeur. Il place ses produits et ne connait pas tout le marché. Quand bien même il connait le marché et sait qu’aller chez Boursorama sera mieux pour vous, il ne pourra pas vous conseiller d’y aller.
Il ne pourra pas proposer mieux que son assurance-vie à 3% de frais sur versement (il parlera de « droits d’entrée » pour mieux faire passer la pilule), avec un fonds euro médiocre, des fonds maison peu performants et très chargés en frais. C’est normal, il travaille dans l’intérêt de sa banque et ne pourra pas vous conseiller objectivement d’aller ouvrir ailleurs une meilleure assurance-vie à 0% de frais sur versement, avec de bons fonds € et à architecture ouverte (proposant un meilleur choix de fonds de plusieurs maisons de gestion). De même, il proposera le programme immobilier de la banque, alors qu’il y a bien d’autres choix plus rentables ailleurs.
Bref, le terme de conseiller bancaire est galvaudé, c’est avant tout de la vente, il n’est pas comme le médecin de famille que vous pouvez suivre aveuglément. Le vrai conseiller propose des produits qu’il a sélectionnés dans tout le marché, auprès de nombreuses banques, après analyse objective. Et il vous apporte du conseil, comme l’optimisation fiscale, en fonction de votre situation familiale, patrimoniale, de vos projets et de votre tempérament. Ce peut être un conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI) rémunéré à l’heure de conseil et non guidé par les commissions plus généreuses pour tel ou tel produit. La règlementation française tend d’ailleurs vers ce modèle anglo-saxon, plus sain et qui garantit plus d’indépendance.
Avis de Nicolas : il ne faut pas perdre de vue que les banques sont limitées à leurs solutions d’épargne…par quel heureux hasard votre banque aurait-elle tous les meilleurs produits du marché alors qu’il y en a des 10aines ? Votre boulanger est-il un conseiller en baguettes et viennoiseries ? Non, c’est un vendeur de baguettes et viennoiseries. Si les baguettes de mon boulanger sont savoureuses mais que le croissant est meilleur et moins cher dans la boulangerie d’en face, il ne me conseillera pas d’aller en face mais je diversifierai, j’aurai 2 boulangeries selon mes besoins.
3. Définissez un horizon de placement.
C’est un des paramètres les plus importants pour définir sa stratégie d’investissement. On n’investit pas de la même façon son épargne selon qu’elle serve à acheter une voiture dans 3 ans, un bien immobilier dans 8 ans, ou à constituer un complément de revenu pour sa retraite. Nous vous invitons à relire la page expliquant comment définir son horizon de placement et adapter sa stratégie d’épargne en conséquence.
Avis de Ludovic : typiquement, si vous investissez à long terme, vous avez intérêt à tirer parti des bons rendements qu’offrent les marchés financiers tout en profitant des niches fiscales que sont l’AV et le PEA. À l’inverse, il est déconseillé d’investir en bourse à court terme, car le risque de perte en capital est réel.
4. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Cet adage bien connu dans le milieu des investisseurs est vrai pour toutes les classes d’actifs. L’immobilier ou plus récemment les marchés actions ont pu connaître une progression importante ces dernières années. Oui, mais rien ne garantit que cette tendance se poursuive dans les années à venir. L’économie est cyclique. De la même manière, le rendement des fonds € en assurance-vie baisse ces dernières années sur fond de baisse de l’inflation et baisse des taux obligataires…jusqu’à quand ?
Il faut donc être humble et diversifier les actifs. Différents graphiques pour battre en brèche les idées reçues et montrer que tout est possible sur les marchés.
5. Diversifiez !
La diversification est un moyen de protéger la valeur de son patrimoine des aléas que subissent et subiront les diverses classes d’actifs au travers des cycles économiques.
- Que ce soit entre actifs : monétaire/obligations/actions/immobilier.
- Et au sein même des actifs : pour les obligations, vous prendrez plusieurs fonds €. En actions, diversifiez facilement en trackers ou avec un panier d’actions diversifié entre secteurs/pays/taille de capitalisation. En immobilier, vous pouvez investir sur plusieurs SCPI – SCPI en soi déjà bien diversifiées en terme d’immobilier de bureau / murs de commerce / localisation.
6. Endettez-vous si cela vous profite.
Empruntez si l’effet levier est intéressant : emprunter une somme à 1,5% pour la placer à 3% net c’est malin. Ainsi, vous vous constituez un capital par l’endettement et pour un coût inférieur au rendement de l’investissement. Et c’est d’autant plus intéressant si en plus vous défiscalisez les intérêts d’emprunt (immobilier locatif). Mais attention, si vous empruntez pour un actif qui se déprécie, ce n’est plus un effet levier mais un effet massue !
Avis de Ludovic : emprunter pour partir en vacances ou s’acheter une voiture, ce n’est pas un investissement, sauf si vous êtes chauffeur de taxi.
7. Bourse : lissez vos investissements dans le temps.
Si les marchés actions constituent une des classes d’actifs présentant le meilleur rendement à long terme, la situation pourrait être très différente pour un investisseur qui serait entré en bourse à la veille de l’éclatement de la bulle internet en l’an 2000 ou à la veille de la crise des surprimes en 2008. En pratique, il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’anticiper les mouvements de hausse et de baisse des marchés.
Conseil de Ludovic : il est possible de s’affranchir de cette incertitude, quitte à ne pas profiter pleinement d’une belle hausse des marchés. La méthode du Dollar Cost Averaging (DCA) consiste à lisser dans le temps son entrée sur les marchés actions. N’hésitez-pas à lire notre page dédiée à l’investissement en bourse : on explique tout à ceux qui cherchent des solutions simples et efficaces pour profiter de la performance long terme des actions.
8. Achetez au son du canon, vendez au son du clairon.
En 2008-2009, krach boursier, le CAC40 chute à 2500 pts, ceux qui achetaient des actions étaient alors traités de fou. 6 ans plus tard le CAC était déjà revenu à 5000 pts (+100% de plus-value sans compter les dividendes !). Warren Buffet a dit : « Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs. »
Le marché immobilier français ne déroge pas à la règle. En 1998, après 7 ans de chute des prix (-40% à Paris et en région PACA), les acheteurs étaient également traités de fous…on connait la suite. L’effet inverse s’observe également : en 2007 après des années de hausse, l’achat était redevenu tendance alors que les prix avaient doublé voire quadruplé en grande ville. Les gens achetaient sans réfléchir en pensant que les prix augmenteraient ad vitam æternam (relire la règle 4). Depuis, les prix en province ont globalement baissé et les negative equity sont devenues courantes. Negative equity ? Concrètement, la vente ne couvre même pas le capital restant dû à la banque.
Les marchés sont cycliques. Ne cédez pas à la panique ni à l’euphorie :
9. Défiscalisation : la cerise sur le gâteau plutôt que la carotte.
Attention à ne pas être aveuglé par la défiscalisation. Mieux vaut un bon vieux PEL à 2,07% net (2,50% – 17,2% de PS) ou un fonds € à 2-3% net ; plutôt qu’un appartement en Pinel qui rapporte 1,5% net après défisc et qui de surcroit est plus risqué (risque de vacance locative, de dégradations, de mauvais payeur, de moins-value car on achète du neuf mais on vendra de l’ancien) et plus chronophage à gérer (turn-over des locataires, déclarations fiscales, assemblées générales…).
Autre exemple : prendre des SOFICA pour économiser 36% d’IR c’est bien, mais si on a 9 « chances » sur 10 de se retrouver en moins-value de 50% à l’échéance, c’est contre-productif.
Ceci dit, si vous avez le bon profil et si vous êtes sélectif, des solutions de défiscalisation peuvent être efficaces : nous vous présentons sur cette page une liste de 15 solutions populaires pour défiscaliser (ou optimiser fiscalement).
10. Concentrez-vous sur le rendement net.
Ayez toujours à l’esprit que ce qui est important est l’argent réellement disponible dans votre poche après application de la fiscalité. Cela n’a par exemple pas de sens de comparer le rendement brut d’un bien locatif avec le rendement d’une assurance-vie, le bien loué supporte différentes charges et un mécanisme d’imposition différent. Ainsi, un rendement brut au premier abord alléchant peu parfois aboutir à un rendement net très faible.
De manière générale, il faut comparer les rendements nets entre produits (après frais, impôts ou défisc) et se demander si grappiller 0,1% de rendement vaut le risque encouru sur un produit plus volatil et le temps perdu à gérer : notion de prime de risque. La prime de risque désigne le supplément de rendement exigé par un investisseur afin de compenser un niveau de risque supérieur à la moyenne. Cette différence de taux, ce revenu supplémentaire espéré exigé constitue la prime de risque.
Expérience de Nicolas : mon portefeuille PEA me rapporte en lissant 7% net par an, et mes SCPI me rapportent 4% net par an. J’ai une bonne prime de risque par rapport à mon assurance-vie investie en fonds € à 2% net. Ceci dit, je diversifie, je ne peux pas être investi qu’en actions et immobilier, j’ai besoin d’avoir du sécurisé en fonds € d’assurance-vie dans mon patrimoine.
11. Convoiter un rendement élevé implique nécessairement une prise de risque.
Les investissements sans risque avec de forts rendements n’existent pas. Les classes d’actifs offrant les meilleurs rendements sont l’investissement en action et l’immobilier. En 2017, le CAC 40 a affiché une hausse de près de 9%, et 13% en comptant les dividendes. Cette belle performance ne peut malheureusement pas être garantie tous les ans. Il y a des hausses et des baisses, il faut supporter la volatilité pour capter une performance moyenne lissée de 7% par an.
De même en immobilier, un appartement en ville moyenne peut rapporter 10% brut par an, contre 4% brut pour un appartement à Paris. Meilleur rendement mais plus de risques : marché moins dynamique donc plus de risques de vacance locative et locataires moins solvables, probabilité moins élevée de plus-value…on peut préférer cet investissement, mais il faut alors être récompensé par une prime de risque (voir point 10). Plus le rendement est important et plus le risque est fort. Si on vous promet 8% par an sur un produit vendu comme garanti et sûr, méfiez-vous fortement.
Exemples de Nicolas : la célèbre affaire Madoff. Ou en France, l’investissement en manuscrits qu’un collaborateur m’avait présenté en 2012 et que je lui avais vivement déconseillé, devant ce qui me semblait être un système de Ponzi. Plus récemment, Nabilla a été recadrée par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) pour avoir affirmé au sujet des bitcoins : « c’est vraiment sûr, c’est vraiment cool, vous pouvez y aller les yeux fermés ».
Ce n’est pas pour rien que le livret A rapporte si peu. A titre de comparaison, les marchés actions en tendance longue ont un rendement de 7% par an, pour une volatilité importante… Aucun placement garanti et sûr ne peut rapporter plus.
12. Méfiez-vous du marketing et des pièges sémantiques.
Attention aux noms des produits, souvent trompeurs et purement marketing. Ce n’est pas parce que le produit est étiqueté Logement (PEL, CEL…) qu’il est pertinent pour composer au mieux pour ce projet. Tout comme les produits étiquetés Retraite (PERP…). Souvent un PEA et/ou une assurance-vie seront plus efficaces pour servir ces projets.
Conseil de Nicolas : de la même façon, une assurance-vie au nom pompeux qui sonne luxueux (« Erable », « Platine »,… ) se veut haut de gamme et exigera un ticket d’entrée de 50k€ (somme minimale demandée pour ouvrir le produit), alors que cette assurance-vie ne sera pas forcément de qualité et qu’une autre avec un ticket d’entrée de 100 € pourrait être bien meilleure. Comparez !
Cet article a initialement été publié sur le blog d’ADI. Pour le consulter, cliquez ici